PORTRAITS du RAJASTHAN (Inde 🇮🇳)
Je me plais à répéter la pensée de George HERBERT lorsque je dévoile les portraits d'un pays, car elle résume parfaitement ce que je cherche à transmettre : "Un regard est dans tout pays un langage".
"Je ne veux pas que ma maison soit murée de toutes parts, ni mes fenêtres bouchées, mais qu'y circule librement la brise que m'apportent les cultures de tous les pays" GANDHI (1869-1948)
Ci-dessous une mosaïque de la société du Rajasthan avec des visages d'enfants, de femmes et d'hommes. Presque tous ces visages ont été pris en instantané, juste avec le regard du hasard et la sensibilité de l'âme.
Un jour sans sourire est un jour de perdu
Le plaisir de capturer l'Innocence, de retrouver des regards dont le seul souci est de rire le plus possible et de s'amuser du temps...ce que j'aime dans les photos d'enfants, c'est la spontanéité, la fraîcheur, l'énergie et la puissance que chacun a en lui, que ce soit dans une rue poussiéreuse, une cours d'école ou un champ...Dans ce voyage j'ai eu la chance d'aller dans des endroits encore vierges de tout tourisme, voir des villages qui n'ont jamais croisés d'étrangers et rencontrer des enfants qui découvraient l'inconnu avec étonnement, candeur et une curiosité touchante.
Il est facile de retrouver ce contexte à travers les regards ci-dessous, certains sont étonnés, voire circonspects, mais tous respirent la fraîcheur et la bienvenue, l'envie, le devoir et la volonté de sourire au quotidien.
Même dans une salle d'école, assis à même le sol durant des heures, le regard fixé sur l'horizon limité d'un tableau en ardoise, les regards sont concentrés, résolus à saisir le temps et l'espoir...c'est cette détermination que j'aime, celle de vivre tout simplement et de profiter de la chance d'exister...l'enfance sert à ça, espérer !!! plus tard sera un autre jour et les rêves d'antan seront brisés, accomplis ou volatilisés, mais serviront peut être de repère et de lumière...surtout pour les filles qui ont souvent un avenir qui ne leur appartient malheureusement pas...
Une fois que vous aurez senti la poussière de l'Inde, vous ne vous en libèrerez jamais.
Après les enfants, un regard plein de respect sur les femmes qui ont dans ce coin de l'Inde une place minorée, une importance perturbante et une crédibilité dérangeante...toujours ces satanées croyances, le poids du passé et des traditions, les rouages de préceptes tissés par la peur et noyés par le temps (ou l'inverse)...ici la femme se débat comme elle peut, cherche sa place dans la crainte et la retenue, mais dès qu'elle le peut, elle s'ouvre aux regards, libère son envie de vivre, d'exister et profiter de l'existence...ce sont ces visages que j'ai essayé de mettre en oeuvre ici...
Vous verrez que la proportion de portraits féminins par rapport à ceux des enfants et des hommes est moindre car il est parfois difficile de capturer un visage; en effet, dès qu'elles sentent la présence d'un homme elles se referment avec leur voile et le regard disparait dans des couleurs merveilleuses certes, mais avec une douloureuse odeur de capitulation...mais dès qu'elles sont libérées de ce regard, elles expriment ce bonheur plein de charme et de douceur que seules les femmes savent délivrer....
Une photo qui, pour moi, résume ce que devrait être la femme en Inde...une chorégraphie de couleurs et de charme, un détail qui sublime l'espace, une musique qui remplit le vide...
Dans la vie, rien n'est à craindre. Tout est à comprendre.
Place aux hommes, les coqs de la basse-cour...à la fois enfants, bergers, sages ou fous, aussi fragiles que forts, aussi sereins qu'inquiets, ils sont les piliers d'une société totalement patriarcale. Sans garde-fou, ils errent dans une confusion ancestrale sur un société qui leur est dévouée, tantôt forts, tantôt maladroits, laissant le passé jeter une ombre sur une société que des philosophies/religion ont pourtant rendue attachante...ici quand on est un homme, on doit porter haut le menton, mais quand on est seul et dans l'ombre, que l'on a un peu de culture, les doutes vous tirent souvent par la barbe ou la moustache...
Le jour où une femme pourra se promener librement sur les routes la nuit, ce jour-là on pourra dire que l'Inde a accédé à l'indépendance.
Dans un des plus beaux Haveli de la ville de Nawalghar, ce "Manghanyiar" à la barbe fleurie, nous a offert quelques mélodies protectrices avant notre départ du pays...
Aujourd'hui, le "SAFA", le surnom du turban du Rajasthan, n'est malheureusement porté quotidiennement que par les hommes "d'âge mur". La jeune génération l'a abandonné au profit de la casquette (à l'envers !!!), du jeans et du t-shirt. Mais le turban reste néanmoins indispensable pour tous lors des cérémonies et fêtes. Ouf !!!
Tout ce qu'Allah réalise n'est pas toujours juste et parfait : parfois, il vous gratifie d'une grosse tête sans vous donner les moyens d'acquérir un long turban.
Une figure qui m'a bien fait rire, dans la ville bleue car j'ai eu l'impression de rencontrer le vieux sage chinois que l'on peut voir dans les films de Kung Fu, lorsqu'un vieux maître enseigne l'art du combat et la voie de la sagesse au héros; un peu à l'instar de l'héroïne de Kill Bill...un grand moment de fou rire intérieur !!!
Le dieu SHIVA en personne rencontré sur les Gaths de Pushkar dans une rue anonyme et poussiéreuse...rencontre silencieuse et impressionnante comme une ombre que l'on surprend puis file et disparaît au coucher de soleil...
Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux.